30h04



Ici gît le monde nous imposant de communiquer. Nous errons dans les ruines de murs dévastés par nos vaines paroles. Les slogans des affiches déchirées se ramassent en morceaux de discours désormais impuissants face au seul survivant de ce chaos: le silence.
Plus jamais le désir de nous adresser l'un à l'autre ne trahira le langage d'une existence passant indéfiniment à notre poignet. Les verbes sont aujourd'hui seuls, infirmes de tout pronom, sans sujet. Les phrases sont inintelligibles, elles ne servent aucun orgueil, aucune posture, aucune volonté de séduire ou maudire. Elles n'ont plus aucune raison d'être. Elles sont, comme le vent qui circule dans les allées de cette ville morte.
Sous les capuches et les masques, je ne vois que de l'ombre, comme si nous étions absents des vêtements que nous revêtons. Nos nudités sont invisibles. Nous n'avons plus de main pour écrire, plus de bouche pour crier. Nous ne sommes plus que le temps. Le temps d'un sursis à perpétuité.


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