2h43

La nuit bat lentement au rythme de mon pouls. Je ne cesse d'écouter cette pulsation comme si elle venait d'un autre coeur, celui d'une ombre indéterminée sur le mur qui ne cesse de me regarder comme l'impasse de toutes choses. Mais je ne peux distinguer s'il s'agit là de mon ombre ou de la vôtre. Ce doute n'est pas pour me déplaire. Je préfère rester dans cette ignorance, n'avoir aucune preuve ni de votre présence, ni de votre absence. Votre existence n'est peut être que pur délire. Je suis probablement en train de parler tout seul. Ou c'est cette parole qui parle toute seule, qui se sert de moi et de vous pour nous donner l'illusion que nous sommes les sujets de la conversation. Mais nous ne sommes que deux pronoms au service d'une parole sans sujet derrière. Voilà. C'est la nuit. Et il n'y a personne. Pas un homme à l'horizon. Juste un soupçon. Le soupçon d'avoir basculer dans la folie.

Comme chaque nuit, je crains de fermer les yeux. Je ne peux m'empêcher de rester constamment sur mes gardes comme un chien au pas d'une porte à défendre à l'affût du moindre bruit. Ainsi, ne pouvant me résoudre à déposer les armes, je reste éveillé jusqu'à épuisement. Minute après minute, je sens mes cernes se remplir du rêve que je suis en train de manquer. Mes paupières sont de plus en plus lourdes. Pour ne pas tomber de sommeil, je fume une cigarette avant de m'étouffer d'une quinte de toux. Je m'imagine cracher du sang. Je l'ai tant imaginé que j'ai fini par vraiment en cracher. J'en ai plein la voix. Pardonnez-moi. Voilà que je vous éclabousse en m'adressant à vous.

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